Tongariro Northern Circuit, Nouvelle-Zélande (14-16 mars)

Nous voilà doucement installés dans notre van (le virus n’est pas encore arrivé pour tout chambouler). Camille en scrutant les prévisions météo repère quatre jours de beau temps : c’est le moment de se lancer dans la plus belle randonnée de notre vie ! C’est parti pour aller dans la région du Tongariro (la montagne du Mordoooor). Le plus célèbre chemin là-bas est le Alpine Crossing sur une seule journée, mais l’ancienne propriétaire du van nous avait conseillé de faire le Northern Circuit sur quatre jours pour éviter la foule et profiter du paysage plus longtemps.

Nous voilà partis ! On est déjà heureux, les paysages néo-zélandais, même de la route, sont vraiment superbes. On dirait qu’un enfant a dessiné son idée de la campagne, puis froissé un peu le dessin pour faire du relief : des collines verdoyantes à n’en plus finir, le ciel bleu, des moutons blancs dans le ciel et beige dans l’herbe, une maison de temps en temps, et c’est tout. On est bien. 🙂

On arrive au camping où on passe la nuit vers 16h30. La température en altitude ne pardonne pas mais on est équipés : Camille se paie le luxe d’une sieste sous un arbre, emmitouflée dans sa doudoune et confortablement installée sur les matelas du van. Puis c’est l’heure de préparer les sacs : nourriture pour les trois jours, vêtements au minimum, et tous les accessoires « au cas où » pour de la balade en montagne. C’est long de penser à tout, d’autant que c’est notre première expérience du genre !

On a choisi de faire le trek dans le sens inverse du plus courant pour croiser moins de monde sur le chemin. Il faut réserver et payer à l’avance les nuits dans les refuges (35$), et certains sont déjà complets, du coup on avait décidé d’essayer de le faire en trois jours au lieu de quatre. Les durées annoncées des différents tronçons sont de cinq, trois, cinq et trois heures. On est un peu inquiets parce que ça nous fait une grosse journée de huit heures le deuxième jour avec le maximum de dénivelé, mais on n’a pas le choix vu les places dans les refuges…

Premier jour : dur dur le réveil… Après avoir terminé les sacs, on passe à côté de l’hôtel très classe « Château Tongariro » 😛 pour aller au centre visiteur du parc (bien organisé, avec même une petit expo !) pour vérifier nos informations. On tombe sur un maori hyper gentil qui nous explique qu’il y a peut-être moyen de faire la grosse journée le premier jour malgré les réservations, car souvent des gens changent leurs plans et libèrent des places dans les refuges. On ne pensait pas que ce serait possible, du coup on est parti un peu tard… Tentons quand même !

C’est parti pour la balade. Le paysage est très varié : le chemin commence au milieu de buissons, avec vue sur le Ngauruhoe, le « volcan du Mordor » autour duquel on va décrire une boucle, sommet sacré pour les Maori. Très souvent, on suit un chemin en bois (comme on avait vu en Asie), qui rend la marche bien plus simple). La météo est idéale, d’ailleurs Romain qui l’a sous-estimée s’est tapé un coup de soleil monstrueux sur les épaules. 😅

On entre ensuite dans une jolie forêt, là où le chemin se sépare entre le sens normal de la boucle et le nôtre. On croise plusieurs promeneurs, et une fille avec un énorme sac, très probablement en train de finir son circuit de quatre jours, avec l’air absolument ravi d’arriver. 😁

La voie débouche ensuite sur une cascade, avec encore un peu de monde : couples plus âgés ou avec des enfants, qui font des petites balades de deux heures autour du centre visiteur. Première photo avec la vue sur le reste du parc national en dessous. Ensuite, on fait un petit crochet au Lower lake où on mange nos sandwichs, puis un premier arrêt aux toilettes mythiques du Tongariro dont les murs sont couverts de photos de nature pour le camoufler. 😊

On continue… et là il n’y a plus personne, c’est génial. On essaye de se motiver à avancer vite pour se laisser une possibilité de faire le deuxième tronçon dans la journée (si on arrive au premier refuge Waihohonu avant 16h ça peut encore le faire), mais on se fait pas trop d’illusion… Comme la balade tourne autour du volcan Ngauruhoe, on passe devant la face exacte où ils ont tourné les scènes du Mordor, c’est trop bien ! On parle du Seigneur des Anneaux (forcément), en s’arrêtant un peu quand on croise des gens qui arrivent de l’autre sens, l’air bien crevés. Quand on leur raconte notre plan de condenser deux jours en un, ils répondent « ben ça va être une grooosse journée votre deuxième jour… », mais bon, c’est un peu tard pour s’inquiéter hein. 😛

En tout cas, la balade est vingt fois plus physique que les petits treks et trails qu’on a pu faire en Asie, surtout avec les sacs à dos qui font dans les dix kilogrammes avec l’eau et la nourriture à porter. On sent qu’on n’a pas trop fait de sport récemment 😅 mais ça va, on avance. On arrive tard au premier refuge, il est 16h30, et on se dit qu’il y a très peu de chances qu’on continue. Camille tente quand même, va voir le ranger qui est au téléphone. Celui-ci, après avoir vérifié par talkie walkie qu’effectivement il y a des places en rab dans le refuge soi-disant complet, répond à notre timide question sur « est-ce qu’on a le temps d’y aller » : « Ah mais vous êtes laaarge !!! Au maximum vous mettrez deux heures et demi, c’est bien si vous avez les frontales mais c’est sûr que vous n’en aurez pas besoin ». Allez, on se motive !

Nous voilà donc repartis, ça commence à être un peu dur avec 5h dans les pattes (Romain n’a jamais eu aussi mal aux jambes) mais on est de bonne humeur et on répète « Pour nos nous de demain, allez ». 😁

On passe par une seconde forêt, un court passage mais probablement la plus jolie qu’on ait jamais vue : on dirait une forêt enchantée, très verte, avec des mousses de formes différentes qui couvrent les arbres, une lumière magnifique qui filtre, et quelques plantes un peu plus tropicales qui donnent au reste un air magique.

Ensuite on ressort de l’autre côté de la colline, et le paysage devient plus aride, plus lunaire. On se rapproche du volcan et on se fait plaisir avec quelques photos, même si Camille commence à avoir mal aux pieds comme ça ne lui est jamais arrivé et que Romain ne sent plus ses cuisses 🤣. Le jour tombe petit à petit, mais le chemin n’arrête pas de descendre et remonter et on fatigue un peu 😊. Le soleil disparaît derrière le volcan, les couleurs sont magnifiques mais la lumière baisse très vite… et on arrive au refuge Oturere piiiile poil quand la nuit arrive, à 20h (donc on a bien mis trois heures comme on avait vu et pas deux heures et demi comme le disait le ranger 😅).

Le refuge est très chouette, il y a pas mal de monde qui est déjà arrivé depuis longtemps (normalement les gens partent tôt le matin vers 8h, et profitent de l’après-midi sur place au refuge), donc on se dépêche pour s’installer et manger rapidement, mais on n’arrive pas à finir avant que les gens aient commencé à dormir. On fait ce qu’on peut pour ne pas trop faire de bruit mais c’est pas évident 😣. On a beaucoup de chance par contre parce qu’il y a eu énormément de gens qui ne sont pas venus, donc on a un étage complet de lits superposés (normalement pour trois personnes) juste pour nous, c’est trop bien 😛. Sur place, pas de casseroles, du courant seulement pour les lampes, et eau des réserves de pluie mais non potable. C’est spartiate 😀 et évidemment, les toilettes en extérieur. Et on est en altitude. IL FAIT FROID 😝. Heureusement, la météo était toujours idéale, et on est bien équipés en habits pour le froid, donc pas de souci. C’est l’occasion pour Camille de voir le plus beau ciel nocturne de toute sa vie, avec un degré de détail incroyable dans la voie lactée, les nébuleuses… C’est trop beau !!!

Le lendemain, comme on sait qu’on n’a « que » cinq heures de marche, on ne se presse pas pour se lever. On entend les autres se préparer puis partir, mais on fait nos marmottes jusqu’à 9h du matin (heure à laquelle il ne doit rester que quatre ou cinq personnes sur la vingtaine qui était là !). On déjeune tranquillement, on prépare les affaires, et on ne décolle qu’à 11h, une fois de plus (on est nuls pour partir tôt 🤣). Il se trouve que c’était la meilleure chose qu’on puisse faire : on ne croise presque personne, et le temps est toujours parfait 😀. On se décale encore plus dans le temps en prenant une demi-heure pour tourner une vidéo pour Camille, avec le volcan en fond (on ne pouvait pas en profiter). Après un bon passage dans les paysage lunaire, on arrive sur un grand replat… avant d’attaquer le début du dénivelé. On croise un petit groupe de mamies qui descendent et nous promettent une bonne partie de plaisir sur la dernière partie de la montée, plus loin, qu’elles ont fait dans l’autre sens et « souvent sur les fesses ! ». Bon, ben on verra…

On arrive en haut de la première montée — en passant le col où on voit des colonnes de fumée de soufre, car le volcan est actif ! — avec une première récompense : un lac magnifique, avec des reflets bleus et mauves. On se pose là pour manger, et on voit pas mal de groupes passer de l’autre côté du lac : ce sont les derniers groupes de randonneurs qui font le très fréquenté Alpine Crossing. On les aura très peu vus (une vingtaine sur les deux mille qui ont suivi le chemin ce jour-là d’après la ranger 😯), et on n’en est pas mécontents 😊. On fait un crochet de quarante minutes aller-retour pour aller voir le Blue Lake, puis on s’attaque au dernier morceau, le plus costaud, de la montée : le flanc du Red Crater, fait de roche et terreau volcanique, qui roule et s’enfonce sous nos pas. Honnêtement, malgré ce que nous ont dit les gens qu’on avaient croisés, on est contents de l’avoir fait dans ce sens-là ! En donnant des petits coups de pied pour assurer la prise et en se penchant bien en avant, on arrive jusqu’en haut, complètement crevés… mais.

Une vue à 360° nous attend, avec le volcan, les trois lacs dont le Green Lake qu’on a passé en montant, le Blue lake au loin, le Red Crater et le Mont Ngauruhoe, plus proche que jamais. C’est de là que partait le sentier pour grimper sur le volcan, mais qui est interdit depuis 2017 car c’est un sacrilège pour les maori, dont le volcan est une divinité. On ne l’aurait de toute façon pas tenté, ça a l’air atroce 😛. Le vent souffle, mais le ciel est bleu avec quelques nuages histoire de faire la déco. 🙂

Après avoir admiré la vue, on regarde sur l’application de randonnée Maps.Me combien de temps il reste… Encore deux heures ! On se serait bien posés là nous 😛. Mais le refuge est très loin en contre-bas, donc on repart. On descend d’abord un chemin un peu raide où on croise un photographe et un sportif, très peu chargé, qui fait la montée… en courant. Bande de malades. Puis on arrive au fond du cratère, plat sur deux kilomètres, avant de déboucher de l’autre côté pour continuer la descente avec le Devil’s Staircase (Escalier du Diable) : une alternance de piste et d’escaliers qui doit être bien horrible dans l’autre sens. Nous ça va. 😊

Après une dernière station toilettes, on continue, le long d’une rivière chaude, avec la végétation qui reprend ses droits, notamment de très jolies fleurs violettes. On arrive fourbus mais ravis à 18h30 au dernier refuge, où la ranger nous accueille avant de faire un petit speech pour raconter aux autres randonneurs ce qui les attend le lendemain… et qu’on vient de faire. Apparemment le temps se gâte un peu pour eux au sommet le matin, donc elle conseille de ne pas partir trop tôt le lendemain. Romain blague en leur disant que ça va être horrible mais ils ne lui en veulent pas, l’ambiance est très bon enfant, et on se dit que ça aurait été chouette, de faire le parcours comme ça, avec des gens qu’on retrouve tous les soirs aux refuges successifs. 🙂

Cette fois, on a eu le temps de s’installer et de manger, et Camille peut profiter du magnifique coucher de soleil sur la vallée, avec vue au loin sur le mont Taranaki (retenez ce nom, vous en entendrez parler de nouveau…). Avant de se coucher, on discute un peu avec le photographe japonais croisé plus tôt, un couple de néerlandais et une singapourienne venue en solo. Ils ont tous l’air très sympa, dommage qu’on n’ait pas plus de temps à passer ensemble !

Le lendemain matin, le photographe, apprenant que Camille est chanteuse, lui propose de la filmer pour insérer une de ses chansons dans le documentaire qu’il est en train de tourner sur les randonnées de Nouvelle-Zélande 🙂. Petit moment tournage donc, puis on termine les affaires et on se remet en route, selon la tradition, à 11h 😛. Le paysage est moins changeant pour cette dernière partie : steppes, petits arbustes, et la vue qui se libère doucement sur le paysage du reste du parc national, avant de retrouver notre jolie forêt du départ.

On mettra à peine moins que les trois heures annoncées, et on arrivera à 13h30 à notre fidèle petit van qui nous attend sur le parking. Après un déjeuner au chaud, Romain se sent en forme, et on repart pour aller dormir quelque part sur le chemin de Wellington.

Dans le van, Camille a dit en plaisantant une phrase qu’elle ne pensait pas si prophétique : « Bon, c’était parfait, j’ai déjà fait tout ce que je voulais en Nouvelle-Zélande 😀 »

Connaissant la suite, on est d’autant plus heureux d’avoir pu faire cette randonnée, la plus belle de notre vie, avec une météo de rêve et les magnifiques paysages pour nous tout seuls 🙂. Bye bye Tongariro, et merci !

Camille & Romain

Y a plus de saison mon bon ami !

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