
03/12 — Arrivée à Bagan
Le bus que nous avons pris à Mandalay met une heure de moins que prévu, ça c’est chouette… Par contre il ne nous pose pas du tout devant l’hôtel mais à la station de bus. Nous voilà obligés de prendre un taxi ; on économise un tout petit peu en partageant la course avec un couple italo-slovène arrivé en même temps que nous. Sur le chemin, on voit la différence avec Mandalay : au revoir la ville, c’est vraiment des villages ici ! Aucun bâtiment de plus de trois étages et encore, ce sont uniquement des hôtels.
On arrive à la Shwe Na Di Guesthouse ; c’est plus cher qu’à Mandalay mais le confort supplémentaire est là (on se souvient par exemple du tuyau d’évacuation de l’évier qui tombe par terre dans notre ancien hôtel…). On se pose (la wi-fi n’est franchement pas terrible mais c’est pas grave) puis on retrouve Juan et Sara arrivés de leur côté au Aroma 2, très bon restaurant indien situé entre nos deux hôtels. On partage les plats, c’est copieux et délicieux ! Camille retrouve avec émotion le « Sweet Lassi » de son séjour en Inde (pour les bretons, c’est comme le lait ribot) et le Chicken Tikka Masala. C’est l’occasion de rencontrer Giusy, une italienne qu’ils ont connue à Mingun, une des villes près de Mandalay (qu’on n’a pas eu le temps de faire). On s’échange les bons plans (le scooter est loué moins cher via notre hôtel !) et on se donne rendez-vous le lendemain pour découvrir Bagan !
04/12 — Shwe Zi Gon, Ananda, Thaatbinyu, petits temples et sunset !
Découverte du petit-déjeuner d’ici, copieux même si un peu inégal : morceaux d’ananas (miam), de papaye (meh), samossas oignon-pommes de terre (bon mais bien huileux), petits beignets, œuf sur le plat et toasts à la texture de polystyrène 😛 mais dans tous les cas, c’est bien agréable de prendre le petit-déj sur la terrasse en se réveillant doucement et en observant les écureuils (ne parlez pas d’écureuils à Romain ou vous en avez pour une heure 🐿).
Juan et Sara nous rejoignent, et on récupère nos e-bikes ! Petite explication : la zone de Bagan se divise en trois « villes » : Old Bagan, où il n’y a que des temples et quelques hôtels de luxe ; New Bagan, d’autres temples et davantage d’habitations ; et enfin Nyaung-U, la ville où nous logeons et où les hôtels sont bien plus accessibles. Un simple vélo risque donc de ne pas suffire pour couvrir tout ce périmètre sans trop se fatiguer, à moins d’être cycliste olympique. Sauf que les scooters sont interdits aux étrangers, et que les autres options (tuk-tuk, carrioles et taxi) ne sont pas trop dans nos objectifs de prix. L’option la plus intéressante est donc le e-bike, scooter électrique pour deux personnes (trois si vous êtes des oufs). En plus ça fait pas de bruit !
C’est parti pour la tournée des temples : d’abord la Shwezigon Pagoda juste à côté, avec sa grande stupa dorée, un gros tambour de cérémonie… On sent la différence entre Bagan et Mandalay quand les vendeurs devant l’entrée viennent essayer de nous alpaguer. Bagan, c’est un peu comme la Tour Eiffel. En entrant, Sara se fait maquiller avec le thanaka, une tradition du Myanmar présente partout dans le pays : en mélangeant de l’eau avec du bois de thanaka, on obtient une pâte jaune très clair que les femmes et les enfants s’appliquent sur les joues, le nez et le front. Ça protège du soleil, c’est bon pour la peau, et esthétique quand on dessine des motifs comme des feuilles sur les joues, ce que la dame fera pour Sara et Camille. En discutant un peu, on apprend qu’elle a perdu son mari récemment et qu’elle s’occupe de ses deux enfants grâce à ses ventes de thanaka dans le temple. Un peu plus loin, on regarde les services traditionnels en bambou laqué (bols, théières, plateaux), c’est super beau !
Le temple suivant est à dix minutes en e-bike en suivant la route principale : il est hors de Nyaung-U, sur le chemin de Old Bagan. Il s’agit de l’Ananda Patho, le temple Ananda, très reconnaissable avec son sommet doré à la forme différente des autres et à ses murs blancs. Comme beaucoup de temples, il possède quatre bouddhas disposés en carré, un à chaque point cardinal, avec leurs petites spécificités de position et de style ; et c’est sans compter les centaines de petits bouddhas présents dans les alcôves au sein des murs, qui donnent comme une sensation d’infini. À l’entrée est, des photos explicatives montrent le temple avant et après sa rénovation suite au gros tremblement de terre de 1975 (il y en a eu un autre depuis, en 2016).
En continuant sur la route, Camille repère le Thaathbinyu, qui restera son architecture préférée ! Murs blancs (même si la pluie a laissé des traces) et surtout petites pointes crénelées au sommet qui se détachent sur le ciel.
Petite pause restau le midi, Camille goûte un curry d’aubergine (elles sont vertes au Myanmar) à tomber par terre, puis on s’amuse à se perdre sur une petite route qui dévie vers le sud. La balade est belle (on est tout seuls), on s’arrête pour voir un petit temple en ruine, c’est top. En se mettant doucement en quête d’un endroit pour voir le coucher du soleil d’après les repérages de Juan, on croise deux jeunes en scooter qui nous conseillent un spot pas loin. C’est plutôt bienvenu, puisque depuis trois ans, pour des raisons de sécurité et de conservation des temples, le gouvernement a quasiment tout fermé (les touristes escaladaient n’importe comment pour aller prendre leurs photos, se mettant eux-mêmes en danger et détériorant les temples). Il ne reste que quelques emplacements autorisés. L’inconvénient, c’est qu’on n’est clairement pas tout seuls, même si on est arrivés les premiers. Ce n’est pas dramatique non plus, on voit les temples au loin se teinter de rouge vif au fur et à mesure que le soleil descend, c’est beau 🙂. Les deux jeunes se révèlent étudiants en peinture traditionnelle (peinture sur coton imprégné du sable de la rivière) et nous montrent leurs travaux. On négocie pour leur acheter deux toiles, afin d’en offrir une à Sara et Juan qui partent le surlendemain ; ils nous suivent jusqu’à l’hôtel pour qu’on récupère de la monnaie. Le trajet retour en e-bike pique un peu, il fait bien plus froid la nuit ici qu’à Mandalay ! Ensuite, soirée posée à la terrasse de l’hôtel de Sara et Juan avec de la street food.
Le lendemain, c’est journée tranquillou à trier les photos et finir l’article sur Mandalay. On découvre le Comfort Restaurant à côté de l’hôtel et son Tom Kha Gai, soupe thaïlandaise de fou furieux (avec gingembre, coriandre, citron, etc.), c’est excellent ! Puis le soir on se paie le luxe d’un coucher de soleil tout seuls, en allant au bord de la rivière (ben oui, tout le monde est occupé à escalader des temples), suivi d’un petit restau un peu plus loin, sous les étoiles.
06/12 — Pagode-Land, le retour
C’est reparti pour un tour ! Réveil 5h40 (aïe) pour aller voir le lever du soleil. On ne s’est pas assez couverts et l’aller de nuit en e-bike est franchement frais… C’est vraiment l’hiver en fait 🥶 ! Camille avait repéré des emplacements potentiels d’observation sur Google Maps, mais rebelote, on croise un jeune qui nous conseille un autre endroit. On préfère la jouer sécurité et on le suit ; c’était la bonne option ! Il y a une terrasse facile d’accès, évidemment déjà du monde mais on peut s’asseoir un peu en hauteur et profiter de la vue sans souci. Et quelle vue… L’horizon rougit en arrière-plan des temples en ombres chinoises, avec notamment les petites pointes du Thaatbinyu qui est la star de ce point de vue. Le soleil finit par sortir, et au moment où on se dit que c’est parfait, les petites silhouettes des montgolfières décollent et viennent sublimer le tableau. Ça valait la peine de se lever tôt, c’est magnifique. Les photographes s’en donnent à coeur joie. On profite, puis comme Romain est un peu barbouillé on rentre à l’hôtel petit-déjeuner et se reposer un peu.
À 9h, Juan et Sara viennent nous chercher et on repart ensemble pour un marathon de temples : le Htilo Minlo et ses fresques murales antiques, le Shwe Gu Gyi qui offre un beau point de vue sur les temples au-dessus d’un océan de végétation ; puis le préféré de Camille pour la journée, la pagode Shwe San Daw, sorte d’immense pyramide entourée d’un petit jardin très mimi et surtout flanquée d’un deuxième bâtiment qui ne paye pas de mine de l’extérieur mais qui contient un « reclining buddha ». C’est un Bouddha couché : cette position représente la mort de Bouddha et le principe philosophique bouddhiste selon lequel tout a une fin (les experts du bouddhisme, dites-nous si on dit des bêtises). Celui-ci est immense, il fait dix-huit mètres de long !
Ensuite, on passe voir une curiosité de Bagan, le Nat Hlaung Kyaung : c’est le seul temple hindou parmi tous les temples bouddhistes du site. Dehors, les vendeurs ont accroché une myriade de petites clochettes au branches des arbres qui tintent doucement avec le vent, c’est très beau… Une dame nous accoste quand on arrive et nous fait la visite guidée en français avec un bon petit accent birman ; c’est en fait une des vendeuses de devant et elle applique la technique d’ici pour arriver à convaincre les touristes d’acheter quelques chose en sortant. On refuse au départ, mais finalement Romain repère un mini-drapeau birman à coudre sur un sac, comme on avait prévu d’en acheter ; donc tout le monde finit content. 😀
Ensuite, on roule pendant un moment sur un petit chemin bien ensablé (on va doucement pour ne pas se casser la figure, c’est pas évident) jusqu’au titanesque Dhammayangyi, la plus grosse pagode du coin. Elle est vraiment impressionnante, tant à l’extérieur que dans ses immenses couloirs intérieurs. Puis on repart vers le sud-ouest, avec le Mingalazedi puis le Mya Zedi Temple, où un vendeur très talentueux nous offre des petites esquisses qu’il réalise devant nous. Il fera même un tatouage de Bagan sur l’avant-bras de Romain, pendant que Camille qui fait le tour repère la pierre gravée de Mya Zedi, classée au patrimoine mondial de l’Unesco : c’est la plus ancienne du Myanmar (elle date de 1113) et sur chacune de ses faces est gravé un même texte dans un dialecte différent.
Après la pause midi au restau, on trouve un peu sans le faire exprès le Mahabodhi Temple, avec d’un côté un grand Bouddha couché et un immense Bouddha doré de l’autre ; mais on arrive juste avant une cérémonie, et une myriades de petits moines novices déferle sur nous. On ne rentre pas vraiment pour voir le grand Bouddha, mais le spectacles des jeunes suffit 😊
Ensuite, on laisse Sara et Juan continuer sans nous parce qu’on est un peu claqués (on s’est levés tôt !) et on rentre se reposer un peu à l’hôtel. On ressort quand ils nous rejoignent pour retourner voir le coucher de soleil tranquillou sur la rivière, mais on tarde un peu et on le manque de justesse (littéralement à dix secondes près…). Pas grave, les couleurs qui changent ensuite sont encore plus belles. On finit la journée par un dernier restaurant tous ensemble, accompagnés par Giusy et Sylvie, avant le départ de Juan et Sara le lendemain pour rejoindre leur prochaine destination Bali. C’est un peu difficile de se dire au revoir, on a vraiment passé des moments géniaux ensemble !
Le dernier jour, on avait prévu de peut-être sortir l’après-midi, mais c’est un échec ; on est tout pâteux, et on reste à l’hôtel pour s’occuper des préparatifs du départ le lendemain vers Kalaw (réserver le bus et faire les sacs) et finir l’article du blog (on est en retard !). On sort juste en fin d’après-midi pour faire un tour à pied dans Nyaung-U, loin de la rue centrale et des hôtels. On croise les habitants du coin, les enfants qui jouent et sortent de l’école, les grands-mères qui nous font des grands sourires quand on leur dit « Mingalabar »… C’est tout paisible, ça fait du bien. Un ultime coucher de soleil sur la rivière (on ne s’en lasse pas !) et retour à l’hôtel pour la dernière nuit.
Bonne nuit Bagan ! 🥰