
Pour bien parler de Ko Chang, il faut avoir à l’esprit que l’activité fondatrice ici, c’est le farniente (qui en italien signifie littéralement « ne rien faire »). Romain s’est tout de suite senti à l’aise, et même Camille, après quelques jours d’adaptation, a fini par se trouver un rythme !
Une journée classique à Ko Chang s’entame vers 7h-8h, où on émerge de notre lit sous moustiquaire dans un petit bungalow en bois, donnant sur la mer ou les arbres, pour aller prendre le petit-déjeuner sur la terrasse de rêve de la partie commune : ouverte sur la mer bleue, avec une ou deux îles à l’horizon, et protégée du soleil par le couvert des arbres. L’endroit est tenu par Teu et Jane, et leur fils Martin de trois ans, petite boule d’énergie avec un sacré caractère. On discute, on lit, Camille fait jouer Martin à ses jeux d’éveil, chante avec Teu qui l’accompagne à la guitare sur Zombie (The Cranberries) ou une autre chanson connue, ou écrit un peu, tandis que Romain joue sur son téléphone, lit ou code ; puis en fonction des horaires de la marée, on va nager pour la première des deux, trois, ou quatre fois de la journée. Enfin surtout Camille, Romain c’est plutôt barbotage 😁. L’accès est un peu compliqué quand elle est basse à cause des rochers, sauf pour Camille à qui Heins, un des vacanciers, a prêté ses super bottes de plongée.
Puis on se douche, on vient manger le repas du midi (tout est préparé par Jane, et entre le Lap Kai, le Red Curry, le Tom Kha Gai soup, et les fruits frais, on ne sait plus où donner de la tête tellement c’est bon), on fait la sieste éventuellement, et on recommence.
Pour changer un peu de temps à autre, on peut faire un petit tour à pied jusqu’à Long Beach à une demi-heure au sud, ou, plus près, aller tester le massage thaï (qui déboîte, à tous les sens du terme), ou massage à l’huile au resort pas loin ; ou (encore moins loin), manger une glace au chocolat à côté après avoir nagé et joué dans l’eau avec Martin, bien équipé de ses brassards. Un jour d’incroyable motivation, on a même loué le scooter de Teu et mangé au sud de l’île, après avoir tressauté sur l’unique « route » qui la traverse et bien manqué se casser la figure entre les cailloux et le sable !
Le soir, petite étape obligée : à 18h, quand le soleil se couche, une espèce de vibration de violon saturé emplit l’espace par vagues. Contrairement à ce qu’on a cru au début, ça n’est pas une machine trop bruyante mais les cigales ! C’est aussi le signal qui sonne la charge des moustiques : il y a intérêt à se tartiner de répulsif, au risque de perdre plusieurs litres de sang 😆. Quand la nuit est tombée, Teu allume le générateur qui nous permet de garder lumière, musique et Wi-Fi jusqu’à 22h, histoire de profiter de la soirée, puis c’est l’extinction des feux, et tout le monde va dormir.
Suivant les jours, on croise les représentants de la faune d’ici, dont les plus originaux sont les « hornbills », les calaos à double bec. Ils sont magnifiques, avec leur bec jaune et noir et leur liseré blanc au bout des ailes ! Ils viennent récupérer des peaux de bananes, où se disputent les fruits des arbres en faisant un boucan d’enfer qui fait parfois office de réveil un peu violent. C’était un enfer d’essayer de les photographier, sauf le dernier jour, en attendant le bateau du départ, où on s’est retrouvés à quelques mètres seulement 😀. Ils se chamaillent aussi avec les « mongos », les « mangoustes indiennes grises », qui ressemblent à de gros écureuils grassouillets et sont friands des mêmes fruits. Ceux-là font un bruit qui ressemble à celui d’un pic-vert, c’est assez étonnant.
L’île a son compte de geckos qui se dorent à la lumière des lampes le soir (on en a aperçu un énorme de 30-35cm dans notre salle de bains un jour, Romain était aux anges !). On a aussi droit à la compagnie d’un chat tout mimi aux yeux bleus, Neu (c’est-à-dire Miaou en thaï 😺), et des deux chiens tout fous Mek et Nino, qui cavalent à nos côtés quand on descend à la plage en prenant un malin plaisir à essayer de nous faire sursauter en arrivant à toute blinde (pour ensuite s’étaler en travers du chemin), et ne se lassent jamais de jouer ensemble.
Plusieurs autres petits oiseaux complètent le tableau et le paysage sonore, notamment le matin, c’est assez féérique de se réveiller avec les chants d’oiseau. Ah, et deux petits compagnons de salle de bains qu’on a croisés les derniers jours : copain crapaud, de la taille d’un poing, et copine l’araignée-scorpion, large d’un poing aussi 😭, et bien velue, qui te regarde prendre ta douche. 😅
La plage aussi a ses petits habitants : petits crabes d’un ou deux centimètres qui détalent sur le sable à une vitesse impressionnante, bernard-l’hermite, gros barracudas qui font des bonds hors de l’eau et font sursauter Camille pendant ses bains le soir, petits poissons volants qu’on voit sauter en bandes au-dessus de l’eau depuis la terrasse, bancs de centaines de minuscules poissons qui réagissent à la lumière, et un espèce de poisson sauteur, espèce à mi-chemin entre le poisson (deux nageoires avant) et le lézard (la queue arrière), qui traîne au bord de l’eau et part en faisant comme des ricochets à la surface quand la vague le dérange. 😀
Il y a aussi un sacré trouble-fête, la mouche de mer, qui certains jours, pique sous l’eau, comme une minuscule piqûre de méduse. C’est sans danger et ça ne laisse aucune trace, mais quand on nage une heure pour faire l’aller-retour vers la plage d’à côté, c’est assez pénible ! Heureusement, suivant les jours, elles sont plus ou moins présentes.
On s’est baignés quelques fois la nuit en descendant à la plage avec nos lampes frontales, et les petits points brillants au sol nous ont fait repérer de petites araignées des sables dont les yeux reflétaient la lumière de la lampe. Et surtout, surtout… Une fois rentrés dans l’eau, la lumière éteinte, et qu’on commence un mouvement pour nager, on sursaute : le plancton ! Le mouvement des bras et des jambes le fait s’illuminer, et l’eau se remplit de petites étoiles et ronds bleu-vert phosphorescentes qui s’agitent puis s’évanouissent lentement. Les mouvements plus vifs font un espèce de brouillard lumineux, c’est magnifique. On ne sait plus où regarder, entre les lumières dans l’eau ou le superbe tapis d’étoiles dans le ciel, les nuits sans nuages. Camille a même vu des étoiles filantes un soir !
Au-delà du cadre paradisiaque, ce sont les rencontres qu’on a faites ici qui donnent aux journées leur saveur ; notamment Antoine, un français habitué du lieu qui y passe les trois mois d’hiver pour fuir les températures européennes, avec qui nous passons beaucoup de temps et avons de grandes discussions sur à peu près tous les sujets possibles. Il a même appris à Camille à jouer aux échecs la dernière semaine !
On a également eu droit à un Nouvel An très loin de nos habitudes françaises : après avoir récupéré lors d’une petite balade des pousses de bambou coupées, Antoine, Romain et Jorg, un allemand, autre habitué du lieu, les ont coupées en deux et taillées en forme de pointe pour faire des brochettes de porc et poulet mariné avec des morceaux d’ananas, tomates cerises et poivrons. Teu les a cuisinées au barbecue, et nous avons passé la soirée tous ensemble, huit vacanciers cosmopolites (français, catalans, allemands et autrichien) que le hasard avait réunis là !
Le couple catalan Noémie et Roger nous a raconté la tradition catalane d’avaler un grain de raisin pour chaque coup de minuit, que nous avons respectée (à peu près 😉) avec des bouchées de pastèque. Camille a chanté quelques chansons, et a même fait tester une petite Circle Song, et la soirée s’est terminée par un bain de minuit dans la mer, à jouer avec le plancton 😁. Certainement pas le Nouvel An habituel, mais c’était très bien comme ça !
Au final, on avait réservé une nuit… et on sera restés trois semaines. Même si ça a été un petit casse-tête pour reprendre l’organisation à partir de là (vous remarquerez que pour l’instant, on n’a toujours pas fait un seul truc de ce qu’on avait prévu au départ !), ça a été l’occasion de bien se ressourcer, de profiter de cette petite île avec son ambiance de Robinson Crusoé et de faire de très belles rencontres : Teu & Jane, Antoine, les Dom, ou le couple Philippe et Jocelyne, qui — le monde est petit — fait de l’art de rue, vient de Chambéry comme Camille, et a des amis en commun ! On s’est vraiment attachés à l’endroit et aux gens, et le départ était difficile. Ce sera pour mieux revenir. 🙂
On est repartis, prochaine étape le retour à Bangkok avant de passer au Cambodge !
C’était effectivement très dur, c’est rare d’avoir le temps de rester trois semaines dans un endroit avec des personnes totalement nouvelles, et forcément on s’est beaucoup attachés au lieu et aux gens !
Magnifique cette ambiance que vous nous décrivez …. vous avez eu raison de rester. Difficile sans doute de repartir . Merciiiiiii! de ce partage et de vous avoir retrouvés…. à plus tard pour la suite de vos aventures. Hâte d’avoir votre regard sur le Cambodge