Après un trajet loin d’être reposant (huit heures de bus avec une combinaison tourista-nausée pour Camille, c’était pas la joie), on arrive à Kalaw à 15h30. On sort du bus, et là choc thermique, il fait 16-17°C ! Apparemment on est tombés sur les jours les plus froids de l’année, ça tombe mal pour Camille qui est déjà assez mal en point et se traîne jusqu’à l’hôtel en grelottant. Romain s’occupe de tout (meilleur mari du monde) pendant que Camille se laisse tomber sur le lit et dort pour récupérer un peu. Petit réveil pour aller voir le coucher de soleil depuis le toit de l’hôtel, c’est beau mais ça caille, puis aller-retour au restau où ce sera bouillon et riz blanc au programme… On rentre à 19h, et Camille s’endort direct pour une nuit de 12h pendant que Romain reste debout un peu plus tard et fait les lessives. On était censés partir en trek le lendemain matin, mais heureusement notre guide est super gentil et nous dit qu’il n’y a pas de souci pour décaler d’un ou deux jours si besoin. 

Ça laisse une journée à Camille pour se remettre à peu près, on ne fait pas grand-chose à part un petit tour au marché de Kalaw où on rachète un bonnet à Camille (l’ancien a été perdu pendant le trajet mouvementé en bus, snif) et où on prend des biscuits à grignoter pour le trek. On prend aussi de l’eau et du Coca (le sauveur de Camille pendant le bus), puis on rentre à l’hôtel. En chemin, Romain se fait sa première coupe de cheveux hors de France 😊

Le soir, on croise une famille de français avec leurs deux enfants (quatre et sept ans) qui font un tour du monde de neuf mois et qui se joignent à nous pour le restaurant (bouillon et riz blanc bis). Ils sont très sympa, et tiennent aussi un blog : le leur s’appelle Happy Family Trip, si vous voulez aller jeter un œil 🙂

10/12 — Nature, cave aux bouddhas, villages et soirée en famille

Le lendemain, c’est parti pour le trek ! Camille s’inquiète d’avoir encore un peu la nausée, mais ça devrait aller en marchant tranquillement. Ko Tun, notre guide, vient nous chercher à 8h30 devant l’hôtel. Il a l’air adorable. Nous faisons la rencontre de Soe Moe Kyaw, qui sera notre cuisinier pendant le voyage : il se déplace en scooter pour arriver avant nous à chaque étape et préparer les (délicieux) repas en avance. Après avoir laissé le gros sac de Camille partir en taxi (on le récupérera à l’arrivée), on est partis !

On commence par sortir de la ville en passant devant la gare, puis on monte doucement sur un petit chemin de forêt parmi les pins. On a l’impression de se promener à Rozier, vers chez la grand-mère de Camille 🥰. Le chemin ne tarde pas à déboucher de l’autre côté de la forêt, sur des champs cultivés de choux où on croise des agriculteurs en plein travail, et des grandes étendues de fleurs jaune vif. Ko Tun nous apprend que leur apparence sert aux gens du coin à savoir si la saison des pluies est terminée, pour pouvoir prévoir la moisson. Le paysage change régulièrement, et donne bientôt sur les rizières en étage. Il est trop tard pour avoir les étendues vert vif d’avant la moisson (plutôt mi-novembre), celles-ci ont déjà été coupées et séchées et sont couleur paille, mais c’est toujours très beau ! Après les nombreuses villes et la poussière de Bagan, la verdure fait du bien. 

On marche à un rythme très tranquille, ce qui nous permet de discuter presque tout du long avec Ko Tun. Notre bonne impression se confirme très vite, il est extrêmement gentil et exerce son métier de guide davantage par passion pour la marche et les rencontres que pour l’argent. Il nous parle de sa femme, maîtresse d’école dans leur village Kyone situé à 1h en scooter de Kalaw, de son fils de sept ans et sa fille de quatre ans et demi. En parallèle de son activité de guide, il a une petite ferme où il cultive de quoi les nourrir tous les quatre. Nous apprenons qu’il faut 30kg de riz par mois pour nourrir une personne, c’est vraiment la base systématique de tous les repas ! Il cultive également des pommes de terre et quelques autres légumes. Il nous montre la bague qu’il porte au doigt et nous explique qu’elle fonctionne comme un « bank account » : quand la moisson est bonne, on achète une bague pour stocker l’argent facilement. En cas de besoin l’année suivante, on la revend pour récupérer les kyaths nécessaires. On lui avait posé la question car la discussion s’était portée sur le mariage et qu’on se demandait si les birmans portaient aussi des alliances. Seulement les femmes, nous répond-il. 

Il est de l’ethnie « Pa-O », une des huit principales ethnies du Myanmar qui coexistent au sein des différents villages. La tenue traditionnelle Pa-O est constituée d’un pantalon noir, une chemise blanche sous une veste noire et d’un turban enroulé autour des cheveux.

Il est aux anges quand je lui dit que je suis chanteuse : il adore chanter, c’est d’ailleurs comme ça qu’il a rencontré sa femme ! Elle présentait un concours de chant pendant le festival traditionnel de la pleine lune d’octobre et il était parmi les participants. Son style de musique préféré est la fameuse country en birman, qu’on avait eu l’occasion de découvrir dans le bus Bagan-Kalaw.

Il nous chante « Frère Jacques », d’abord avec les paroles françaises (!), puis l’équivalent birman, qui apprend aux enfants les couleurs des anciennes pièces de cinq ou dix kyaths, qui ne sont plus utilisées de nos jours (le plus bas est un billet de cinquante kyaths, soit trois centimes d’euro).

Il nous apprend aussi à compter jusqu’à 10 en birman : hti, hni, thaung, li, nga, cho, khun, shi, ko, te-sé !

À 11h30, on arrive à la première étape : Myin Ma Ti. Comme on est en avance, il y a le temps pour un petit passage dans la cave aux bouddhas du village, pour laquelle les birmans viennent de loin pendant leurs vacances ! Ko Tun nous raconte comment les premiers moines bouddhistes arrivés au Myanmar avaient trouvé refuge dans cette grotte et commencé à la remplir de statues de bouddhas. La pierre est bien froide sous les pieds, mais le lieu est vraiment particulier, surtout quand on sait que les statues des différentes époques s’y côtoient depuis très longtemps. Pour le midi, ce sera fried rice pour se recaler l’estomac, l’occasion de croiser un couple de français qui fait aussi le trek en évitant la route principale bien plus remplie de touristes ; puis on repart pour la deuxième partie de la journée. 

Entre les champs de rizières, on traverse des villages où on sent que peu d’occidentaux sont passés : on croise des attelages tirés par des bœufs à bosse comme en Inde et même un jeune à dos de bœuf. Les gens sont parfois un peu plus hésitants, mais un sourire et un « Mingalabar » les dérident facilement. D’autres sont très curieux et viennent discuter avec Ko Tun et nous : des agriculteurs qui veulent savoir par quels villages on passe et deux vieilles dames qui nous posent des questions (souvent depuis quand on est mariés, si on a des enfants) et disent à Romain qu’il a bien de la chance d’avoir une femme aussi jolie 😛 (comprendre « à la peau aussi blanche » car c’est signe de pureté au Myanmar). Un peu plus loin, quatre personnes sont en pleine confection d’une mur de bambou pour la future construction d’une maison : découpage des tiges de bambou, polissage, puis tressage. Ko Tun entretient la conversation, on comprend rien mais on est contents d’être là 😁. Deux petits garçons prennent la pose en riant devant Romain, puis on ressort du village.

En passant devant d’autres rizières, Ko Tun nous explique qu’une fois la récolte du riz passée, on peut utiliser les champs pour y planter de l’ail ou du piment, qui ont moins besoin d’eau et peuvent se passer de la saison des pluies. On fait une pause contre les racines d’un magnifique arbre avec un tronc et des racines pleins de méandres. On en croisera beaucoup sur le chemin, tous beaux a couper le souffle. Nous apprenons que cet arbre est considéré comme l’arbre sacré de Bouddha, ce qui explique qu’on en ait croisé plusieurs, intacts, au milieu de certains villages, avec l’activité qui s’organise autour de l’arbre. Nombre de ses énormes branches sont soutenues par des bambous plantés dans le sol : il s’agit en fait d’un rituel que les habitants viennent faire pour éloigner la malchance en rendant hommage à l’arbre.

On demande à Ko Tun s’il peut nous expliquer un peu les fondements du bouddhisme. Il commence par nous dire que c’est très compliqué dans une langue étrangère et utilise une anecdote qui a fait beaucoup rire Romain (et qui ne marche qu’en version originale) :

Two French guys like to speak English together. One day, the first receives a text from the other: “Hi, I was at your place this weekend and since you were not there I used your wife all weekend. But it was not as good as I thought, so I left.”

The first guy is about to kill himself out of sadness but he receives a voice mail of his friend: “Sorry, I made a mistake and wrote wife instead of WiFi!”

Il nous racontera quand même plusieurs histoires sur le bouddhisme, et notamment l’explication des couleurs du drapeau bouddhiste, représentant les étapes pour atteindre le nirvana : – Bleu : au sommet, elle représente la paix de l’âme ; – Jaune : nécessaire pour la paix de l’âme, il représente la pureté (cinq puretés : âme, corps, actions…) ; – Rouge : pour se purifier, il faut passer par pratique de la méditation ; – Blanc : avant de pouvoir méditer sereinement, il faut se purifier des mauvaises actions ou pensées passées ; – Rose : il faut commencer par le don (« Share »), qui passe par les nombreuses offrandes, et le partage ; – Mélange des cinq couleurs : symbolise l’union de toutes ces pratiques. 

On passe à côté d’une mare artificielle où poussent les fameux lotus, à la sortie d’un village, d’où les gens d’ici tirent leur eau potable (autant dire qu’on ne s’y est pas risqués…). Plus loin, Romain tombe en extase devant une grosse araignée bien colorée, au centre sa toile. On en croisera beaucoup, avec à chaque fois les exclamations ravies du petit Romain, resté un grand enfant de la forêt dans sa tête (et c’est comme ça qu’on l’aime). 

En descendant, on aperçoit un attroupement entre deux rizières, dont Ko Tun nous apprend qu’ils pêchent : deux jeunes s’activent à vider en contrebas l’eau restée dans la mare artificielle, pour récupérer plus tard les poissons. On les observe un moment, puis on repart.

La lune, presque ronde (on est la veille de la pleine lune), se lève d’un côté, bien visible, tandis que le soleil descend de l’autre, donnant des teintes dorées aux champs et faisant ressortir le rouge vif de la route. C’est magnifique.

On arrive au village où on va dormir à la tombée de la nuit et on se rend compte qu’on a sacrément bien fait d’emporter nos polaires et doudounes contrairement à ce qu’on avait pu lire en ligne. Il fait froiiiid ! On dormira dans la pièce principale à l’étage, sur des petits matelas et avec huit couvertures (oui, huit, et encore, Camille avait sa polaire en-dessous).

On rencontre la famille qui nous accueille : Daw Ni, la grand-mère, trop mignonne, qui blague en faisant de petits bruits et des gestes pour mimer le fait d’avoir froid puis chaud avec les couvertures, faim puis d’être rassasiés, etc. ; U Tun Min, le grand-père au visage buriné, qui d’abord ne dit rien puis nous surprend avec une voix de basse semblant sortir des profondeurs de la terre. On comprend pourquoi quand il sort un cigare local ; Camille essaye de lui demander via Ko Tun s’il peut chanter quelque chose (ça doit être incroyable avec cette voix), mais apparemment les birmans sont timides et n’osent pas chanter. On se contentera de l’écouter parler, et on arrive même à tenir une petite conversation grâce à Google Translate (on capte la 4G, on n’en revient pas). Enfin, la fille Ma Cho Zar, qui tient de sa mère dans toutes ses mimiques, et son mari, Myo Zaw Min.

On est presque frustrés, parce qu’étant un peu fatigués, on ne pense pas tout de suite à ce qu’on pourrait leur demander, mais la soirée est géniale quand même. Les plats préparés par Soe Moe Kyaw sont incroyables (et bien trop copieux, Camille a du mal à rester raisonnable), mention spéciale à la courge à la texture fondante et au plat de poisson à la sauce tomate et oignon.

On se couche tôt à 20h30, on est rincés. D’ailleurs, on est rincés à tous les sens du terme, puisqu’on n’a pas encore parlé de la douche 😉 : dehors, devant la maison, disons qu’il y a une bassine. Voilà 🤣

Les toilettes (à l’asiatique) ont quant à elles droit à une porte, mais il faut quand même sortir devant la maison avec la lampe frontale, par des températures dignes d’un hiver canadien (bon d’ accord, d’un printemps canadien) pour y accéder. On n’est pas là pour le confort, hein.

11/12 — Paysages, musique, soirée avec Ko Tun et Soe Moe Kyaw

Le lendemain matin, on est réveillés par la radio du village voisin 😳 avant 6h du matin… Ma Cho Zar vient toute discrète faire une prière, poser une bougie et une offrande devant le Bouddha de la pièce principale où on dort, puis ressort. On émerge vers 7h30, prend un petit-déjeuner aussi délicieux que l’était le dîner avec notamment des cookies birmans et morceaux de fruits du dragon (miam), puis on décolle vers 8h30. Ça fait du bien de marcher, ça réchauffe !

On passe d’abord devant des temples en ruine, envahis par la végétation. Apparemment, il est prévu de les rénover ; c’est une bonne chose évidemment, mais l’impression de ces stupas à demi effondrées et pleines d’herbes est indescriptible.

Pour Camille, le moment le plus magique du trek se fait tout simplement, au détour d’un chemin ; on discutait avec Ko Tun de musique et il nous chante à capella une de ses chansons préférées, au beau milieu de la nature. On oublie à quelle époque on est, il n’y a que le chemin, les arbres et sa voix grave.

Les paysages changent encore, on débouche sur un plateau d’où on commence à voir les montagnes de Inle au loin. Devant un champ de rivières, des jeunes chargés de garder les bœufs pendant la journée passent le temps en fabriquant des paniers en bambou. Un bambou permet de fabriquer sept paniers environ ; en une journée, une personne peut en fabriquer cinq ou six, qui seront vendus dans les 1500-2000Ks sur le marché pour faire un petit complément de revenus. Plus loin, alors que le chemin s’enfonce à nouveau dans les arbres, on marche côte à côte pendant quelques minutes avec une jeune femme et sa fille, qui discutent un peu avec Ko Tun.

Cette fois, Soe Moe Kyaw s’est installé chez un habitant dans un village pour nous préparer à manger. Avocado salad délicieuse et vermicelli, c’est toujours excellent. On croise un chat qui déchante quand il comprend qu’on n’a pas de viande et on subit ce qu’on pense être un concours de coqs (un cocorico à gauche, un cocorico à droite, et ça ne s’arrête pas ; il est pourtant midi…). Puis, pendant que Romain fait une petite sieste, Ko Tun arrive avec un sourire jusqu’aux oreilles : il a trouvé une guitare ! On se fait une petite session, partagée en langue birmane (Camille essaie d’apprendre une chanson mais c’est difficile d’aller au-delà de la répétition phrase par phrase !), anglaise (« Top of the World » de Carpenter, à deux voix) et française (Camille récupère les accords de « Lettre à Lise » et Ko Tun accompagne à la guitare). C’est la première fois qu’il accompagne une chanteuse, il est aux anges (et il n’est pas le seul !).

L’après midi, après avoir passé des champs de blés verdoyants, on rejoint la route de montagne avec vue sur toute la vallée en contrebas. On croise une voiture pour la première fois depuis la veille, ça fait bizarre ! La vue est magnifique par contre. On doit payer la taxe d’entrée de la région de Inle (15000Ks soit 10€ par personne, ça fait mal). Plus tard, on arrive au village où on va dormir : Nan Yoak. Pas de soirée en famille cette fois, la grand-mère qui habite là vit seule (ses fils sont déjà mariés et habitent dans le village) et nous laisse entre nous pour le dîner. C’est très sympa quand même, on continue à parler avec Ko Tun. Après que Romain, épuisé, soit allé dormir, Ko Tun montre à Camille le chemin parcouru sur la carte, puis nous offre deux petites tasses qu’il a taillées à partir du bambou de son jardin ! Adorable, on vous dit. Il a gravé « Bonjour » sur l’une, et « Merci » sur l’autre.

12/12 — Lever de soleil, fin du trek, et visite du lac Inle en bateau

On se réveille pour le troisième et dernier jour, à 6h10 pour profiter du lever de soleil. Il y a quelques nuages mais l’atmosphère est paisible et mystérieuse à souhait, avec la brume qui se dissipe lentement. Après un petit-déjeuner de crêpes birmanes (miam, encore), on s’en va.

Ko Tun nous avait déjà raconté l’origine des deux grandes fêtes de la saison froide : la pleine lune d’octobre avec sa fête des lumières, qui symbolise le retour de Bouddha parmi les hommes après ses trois mois passés au paradis, pour partager son enseignement avec sa mère ; et la pleine lune de novembre, où un prince parricide, ayant compris l’étendue de son crime après être lui-même devenu père, rongé par le regret, part demander les conseils de Bouddha pour vivre le reste de sa vie. Dans ces deux fêtes, les habitants des villages se rejoignent en amenant leurs tambours traditionnels, jouent de la musique tandis que les hommes dansent en de longues processions. On a d’ailleurs déjà prévu de revenir à ce moment là pour notre prochain voyage au Myanmar 😉

Cette fois, il nous parle du nouvel an bouddhiste, qui a lieu au milieu de la saison chaude, au mois d’avril. La tribu Pa-O, dont il fait partie, célèbre cette fête avec un concours de lancer de « fire rocket », une énorme fusée d’un mètre de long qui prend plusieurs semaines à confectionner et qui est lancée depuis une très haute rampe, pour le plus grand plaisir des spectateurs assis sur la colline au-dessus. On passe justement devant la rampe de lancement en question. 

Dernière escale de notre trek, le village de Inn Dein, où nous visitons une pagode avant de manger. Cette fois, nous mangeons ensemble tous les quatre avec Ko Tun et Soe Moe Kyaw ; Romain paye sa tournée de bières (Camille, plus sage, reste sur son traditionnel Coca). Avant de partir, on aide Ko Tun à se créer une page Facebook pour être plus facilement joignable par les trekkeurs potentiels. Puis c’est déjà l’heure de se dire au revoir ; ces trois jours seront passés bien vite… Ko Tun nous invite à revenir pendant les fêtes (avec nos futurs enfants, ajoute-t-il avec un grand sourire), pour nous accueillir chez lui et nous faire rencontrer sa famille. Promis, on reviendra !

La fin de l’après-midi se passe en pirogue, juste tous les deux avec le conducteur : la fin du trek nous a fait arriver au sud-ouest du lac Inle, et le conducteur du bateau nous y emmène via l’un des affluents. Pour un petit supplément de 5000Ks négocié par Ko Tun, il nous fait découvrir le sud du lac, ses villages flottants et ses différents artisanats : joaillier qui travaille l’argent, tissage de la fibre de lotus et de soie, fabrication des pirogues en tek, cigares en feuilles de Cheroot, et les « femmes-girafes » au cou orné des célèbres séries de cercles de métal. Certes, le circuit est bien rodé et la visite des ateliers se termine toujours par une boutique, mais il n’empêche que l’artisanat est bien là, et on ne se sent pas « portefeuilles sur pattes » comme on avait pu le lire sur certains blogs ; c’est peut-être plus le cas le matin quand il y a davantage de monde.

On repart, passe rapidement par la pagode d’à côté, puis la pirogue file vers le nord en traversant les jardins flottants (on a du mal à voir ce qui y pousse, mais c’est quand même étonnant de penser que des cultures ont été développées là) puis l’immensité du lac. On croise des pêcheurs qui manoeuvrent une rame avec un pied pendant qu’ils posent leurs filets, c’est impressionnant. On en croise un seul avec le filet traditionnel, et on a un petit malaise quand on veut voir ce qu’il fait et qu’il arrête tout pour prendre la pose. Le tourisme florissant change forcément certaines choses… Bon certes ça fait des photos magnifiques, mais nous on voulait surtout comprendre comment ça marche !

L’heure tournant, on arrive à la fin du lac pile quand le soleil se couche, le contraste est saisissant entre les champs et montagnes derrière et les bateaux qui passent devant. Notre conducteur nous amène jusque dans Nyaung-Shwe, on est bien contents d’arriver : tout est sublime, mais il fait froid sur le bateau avec le vent ! Il avait notre sac supplémentaire dans le bateau, donc c’est avec toutes nos affaires que nous arrivons à l’hôtel. On n’avait pas fait dans la dentelle, on avait pris le moins cher (6,60€ la chambre 😆) sur Agoda, l’équivalent du site Booking en Asie. On a de la chance, parce qu’ils sont en fait complets, du coup on est déplacés dans un meilleur hôtel (10,80€ la chambre), sans payer de supplément pour la première nuit… Tant mieux !

Arrivée à Nyaung Shwe

Mère Nature faisant des siennes, Camille s’écroule sur le lit pour récupérer un peu, tandis que Romain fait sa lessive (mon dieu toute la poussière…). Puis on ressort pour manger, objectif : le restaurant le-plus-près. C’est une drôle de surprise (au bon sens du terme) quand on arrive au Innlay Indian Food House, qui devrait être renommé le Eminem Indian Food House 😁 il y a des T-shirts et des posters (et des peintures !) du chanteur absolument partout et toute sa discographie qui passe en fond… Pendant qu’on regarde autour de nous, le serveur sort des cuisines, et là on a un moment de « Hein ? » : il est littéralement habillé comme Eminem, sweat, baggy, casquette, les mimiques, la démarche, tout y est 😝. Il nous installe, et on profite de l’ambiance un peu surréaliste qu’il met dans le restaurant. La nourriture est délicieuse (Butter Chicken ❤️) et on passe une super soirée ! 

Le lendemain, c’est journée dodo et blog. On publie l’article sur Bagan, et on ne sort que pour aller manger, le midi dans le très bon restaurant The Ancestor où on est accueillis par un serveur aux petits oignons (gentil, donc, pas en sauce, hein), et le soir à nouveau au restau Eminem (Mutter Paneer cette fois). On se renseigne pour aller en vélo jusqu’à une source chaude, mais les avis mitigés et notre capital fatigue bien entamé nous feront opter pour une deuxième journée loose ; la chambre de l’hôtel est vraiment confortable, on en profite ! On rédige l’article du trek (oui oui, celui que vous êtes en train de lire, on fait du méta), et on décide de tenter le bus de nuit pour Yangon. Départ ce soir à 18h !

Infos pratiques sur le trek

Une dernière petite chose avant de terminer cet article, pour vous parler un peu des détails du trek : on avait lu sur Novo-monde (super blog plein de conseils) l’idée de prendre un guide pour un trek privé plutôt que de le faire en groupe. C’est plus cher : 225000 Ks soit 130€ pour deux personnes sur un trek de trois jours, alors qu’en groupe de six à douze personnes on peut s’en sortir à 25€ par personne. Mais, pour nous, ça vaut mille fois le coup : on a pu aller à notre rythme (qu’il soit plus rapide ou plus lent que la moyenne), véritablement échanger avec le guide et les habitants croisés sur le chemin et, surtout, Ko Tun a fait en sorte d’éviter les routes fréquentées par les agences. On n’a croisé quasiment aucun trekkeur sur les trois jours de route, tout en profitant des paysages magnifiques, dun grand bol d’air frais et de nature, dans des conditions idéales (nul besoin de vous rappeler les repas princiers). Enfin, Ko Tun fait en sorte de bien répartir l’argent dans la communauté (transport des bagages, cuisinier, fruits et légumes des marchés locaux, familles et maisons d’accueil, conducteur du bateau, etc.). Tout ça pour dire que si vous avez l’occasion d’y aller, foncez-y, et contactez Ko Tun 😀 ! Voilà son adresse mail (il parle très bien anglais) : ktun35411@gmail.com et sa (toute nouvelle, héhé) page Facebook : Kalaw to Inle private trek with guide Ko Tun 

On repart de Inle avec un souvenir indélébile de ce trek, et la furieuse envie de revenir dès qu’on pourra !

Cliquez ici pour voir l’album de notre trek vers Inle

G
Gabi 16 décembre 2019 à 20:13
Ah, magnifiques récits et photos ! Merci ! 😃 Cela nous rappelle notre voyage en 2002/2003….! Bonne continuation ! 🌄🌴🦎🕷️🕸️🍍🥭🎋
M
Martine 22 décembre 2019 à 08:50
Coucou les amoureux Merci pour ce partage . C’est comme si on y était …. enfin presque.. Sans le froid Bisous à vous deux et prenez soin de vous A très vite pour la suite de vos aventures et joyeux Noël 🎁🎄